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Interview de Timothée Path, un artiste engagé bravant les tabous de l'homosexualité et de la religion.

Interview de Timothée Path, un artiste engagé bravant les tabous de l'homosexualité et de la religion.

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Récemment, nous avons reçu un message d’un jeune artiste du nom de Timothée Path.

Nous avons décidé de faire quelque chose de nouveau chez PrideAvenue, une interview !

 

Qui est Timothée Path ?

Il s’est présenté à nous come un jeune artiste, avec un album en cours de production, sur un thème que nous connaissons plutôt bien chez PrideAvenue, l’homosexualité.

Il nous a laissé un petit lien afin que nous puissions jugez par nous-même, et nous a expliquer que son but premier était de venir en aide, soutenir, ceux qui ont pu vivre ou vivent encore des moments compliqués aussi bien à cause de leurs coming out difficile, que le deuil, la solitude, l’amour.

Après quelques échanges avec lui, nous avons décidé de lui consacrer un article sous forme d’interview/témoignage.

Certaines de ses réponses sont si frappante et pleines de sincérité, qu’on a voulu laisser certaines partie “brute” afin que vous aussi, vous puissiez profiter de l’intensité de son message.

Il nous a sincèrement touché, et nous le remercions de nous avoir contacté.

Cessons le bavardage, place à l’interview !

 

Interview de Timothée Path :

 

Question : Peux-tu nous parler de ton enfance, de ta famille, entourage ?

Réponse : J’ai passé une enfance plutôt heureuse.

Je n’ai que peu de souvenirs, comme si c’était une autre personne mais je me rappelle avoir passé beaucoup de temps avec ma mère.

Je pense que si je me souviens mal, c’est parce que mon cerveau considère cette période comme si elle ne m’appartenait pas vraiment.

Je n’avais pas assez de cartes en main pour avoir mon propre avis sur ma vie. Ou plutôt, toutes les cartes que j’avais en main étaient celles de mes parents.

Mes parents se sont rencontrés dans une école de théologie. Mon père allait devenir pasteur et lorsqu’il a dit à ma mère « Dieu m’a dit que tu seras ma femme » elle a dit oui, car si Dieu le voulait, elle n’avait pas le droit de refuser.

Dire que mes parents sont chrétiens est un euphémisme. Ils n’écoutaient que des chansons chrétiennes, ne lisaient que des livres chrétiens et n’avaient aucun ami hors de l’église.

Ce n’est que très tard que je me suis rendu compte du comportement presque sectaire de mes parents. Ma mère distribuait des fascicules chrétiens quand mes frères et moi invitions des camarades de classes à la maison.

On n’avait pas le droit de regarder des choses comme Pokémon ou Harry Potter (car toute aide qui n’est pas de Dieu vient de Satan. Les Pokémons = démons, la magie = pouvoir du diable).

 

 

Question : Et ton adolescence ?

Réponse : La vraie scission est arrivée avec la puberté.

Le clash dans mon cerveau était dur à gérer car toute mon enfance on nous a répété à l’église et à la maison que les homosexuels sont des pécheurs qui iront en enfer.

Je me rappelle pourtant déjà enfant, être tombé sur une photo dans un magazine chrétien qui dénonçait l’homosexualité ; deux hommes se tenant la main.

Je me vois très bien ne pas pouvoir détourner les yeux et m’empêcher de penser « c’est si beau ». Donc quand j’ai compris avec la puberté que j’éprouvais du désir pour les hommes, je n’arrivais pas à comprendre ce que j’avais fait de mal. Mais ça l’était.

J’ai entamé une période sombre qui oscillait entre être attiré par les hommes à l’église ou les garçons au collège puis me dégouter et me détester. J’ai l’impression que mon adolescence se résumait à : être excité par la pensée d’un homme, me masturber dans ma chambre, puis pleurer et prier Dieu pour qu’il me rende normal.

Puis le lendemain rebelotte. Parallèlement j’ai commencé à cacher chacune de mes émotions auprès de mes parents et de mes camarades pour ne pas subir de harcèlement. Je me rappelle vivement mon désir de disparaître, de ne plus être là.

Je pensais beaucoup au suicide mais j’étais terrifié d’aller en enfer (avec le recul, je réalise que l’enfer j’y étais.) Je pense que c’est là où la musique est devenue importante pour moi. Essentielle. Vitale.

Comme je disais, j’ai passé énormément de temps à l’église et je me suis dit, quitte à être obligé d’aller à l’église, autant y faire de la musique. J’ai commencé à apprendre le piano pour accompagner les chants le samedi et dimanche et parallèlement j’ai commencé à composer.

Quand tout devenait trop je me mettais au piano et je chantais, je composais. Je ne sais pas ce que j’aurais fait sans musique. D’une certaine façon, la musique était comme une personne à mes côtés, la seule qui me connaissait vraiment.

Ça a continué comme ça jusqu’à mes 20 ans. Mentir à tout le monde. Porter un masque comme mes parents le faisait entre eux et devant les autres ; arriver à l’église, sourire à toute le monde, me mettre au piano et faire le parfait petit soldat chrétien qui prie et pleure quand il chante ses psaumes. Et essayer de croire que ça peut durer comme ça toute ma vie.

Lors d’une colonie chrétienne, on nous avait parlé d’un homme gay que Dieu avait « guéri », il a par la suite épousé une femme et c’était dur pour lui mais grâce à Dieu il ne vivait pas dans le péché. Je me projetais dans cette personne en me disant que je n’avais pas d’autre choix que cette vie-là. Mais à 20 ans j’ai rencontré un gars. Et là, je pense que mon cerveau à abandonner.

Il s’est dit : “tu sais quoi ? Plus rien à faire, c’est trop fatiguant de tout le temps faire attention à ce que je dis, à comment je me tiens, cacher mes émotions, à faire attention de ne pas trop jouer avec les filles ou regarder les mecs. Quitte à être malheureux, autant l’être en étant moi.” Acte manqué, capote retrouvée par ma mère. C’était qui ? dit-elle en larme.

Car oui, le sexe avant le mariage pour ma mère il n’y a pas pire. Enfin, elle pensait qu’il n’y avait pas pire jusqu’à ce que je lui dise que c’était avec un collègue... C’est là que j’ai fait une croix sur ma famille. Je savais qu’il fallait que le Timothée que j’avais créé meure. Je savais que je perdais pour toujours mes parents et mes deux frères. Mais c’était comme ça, je savais ce qui m’attendait en disant la vérité.

 

 

 

Question : Et ton parcours professionnel ? Comment ça a commencer ?

Réponse : J’ai quitté Mulhouse et j’ai commencé ma nouvelle vie. Ou plutôt, ma première vie.

J’en profite pour parler du clip Don’t Stop the Party. Il parle de ça. De ma mort dans ma vie passée. Quitter le faux amour pour chercher le vrai. Quitter la famille qui me rend malade, qui me fait croire que je suis malade pour renaître là où on accepte les couleurs. Reconstruire ma vraie famille ailleurs.

Autant dire que quitter ma famille, quitter l’église, ça m’a sauvé la vie.

 

 

Je suis arrivé à Paris avec mes chansons plein les mains et des rêves un peu trop grands plein la tête. J’ai essayé de me lancer dans un projet solo mais ce n’étais pas le moment. J’avais encore trop de blocage et de culpabilité pour vraiment pouvoir chanter sincèrement.

Je suis alors tombé dans le monde tu théâtre musical qui est devenu une nouvelle passion. J’ai rejoint une compagnie, joué dans quelques pièces musicales - j’en ai même écrit une - mais un jour, ou une nuit - car c’est là où tout se passe - j’ai réalisé que je ne pouvais plus laisser ma musique de côté. Je ne voulais pas me réveiller à 50 ans et regretter de ne pas l’avoir fait avant.

Alors j’ai décidé d’enregistrer proprement toutes ces chansons que j’ai composées entre mon adolescence et ma vie à Paris et d’en faire un album dont je serai fier.

Un album que j’aime, qui me ressemble. J’ai décidé de tout y mettre, sans me limiter et c’est pour ça qu’on y retrouve des choses très différentes. De l’anglais, du français, de la pop, du rock, une valse au piano, du théâtre, des synthés, de l’a cappella.

Je considère qu’on est toutes les couleurs d’un Rubik’s cube et puisque que j’ai oublié comment le résoudre, autant garder toutes les couleurs mélangées, c’est plus intéressant comme ça.

Je viens de sortir un deuxième clip que j’ai mis beaucoup de temps à réaliser.

C’était long mais c’était important que je le fasse parce que j’avais besoin de parler de cette mort spirituelle que j’ai vécu à mes 20 ans.

J’avais besoin de parler de ce sentiment d’impuissance face au bourrage de crâne imposé par les parents. Du christianisme et de la cruauté cachée derrière un masque, derrière une fausse figure de paix. De ceux qui croient combattre les maux alors qu’ils en sont la cause.

Dans le clip, les trois colombes prient pour l’enfant malade. Mais j’avais envie qu’on se pose cette question : est-il vraiment malade ? Est-ce que ce sont les colombes qui le rendent malade ?

Un peu comme le syndrome de Münchhausen par procuration ; lorsque l’enfant est loin, il guéri. Mais pour des fanatiques comme mes parents, comment trouver un plus beau combat que celui d’essayer de guérir son enfant par la foi ?

Je n’ai jamais vécu de thérapie de conversion, mais je réalise que mes parents ont été forts : ils m’ont rendu assez homophobe pour qu’une fois adolescent je me retourne contre moi-même. Et c’est ça le danger de la religion. J’ai pu m’en sortir mais je sais que beaucoup d’autres qui ont vécu des choses similaires n’ont pas eu autant de chance.

 

 

Question : Un album va bientôt sortir prochainement ?

Réponse : - Mon album COHÉRENCE aura 11 titres.

J’ai prévu sa sortie pour l’été 2024.

J’ai pour l’instant 3 titres disponibles sur toutes les plateformes (Spotify, Apple Music, Deezer, etc).

Mon prochain single « Ne veux-tu pas de moi ? » sort le 14 février et parle de ce que j’ai trop fait dans ma vie ; tomber amoureux d’un hétéro.

 

__________________Lien YouTube__________________

 

Question : Quelles sont tes attentes envers l’univers musical ?

Réponse : J’aimerais pouvoir toucher avec mes mots, avec mes mélodies.

J’aimerais que les personnes qui tombent sur mes chansons se sentent moins seules.

J’écris beaucoup sur les choses qui nous font du mal, sur le deuil, le désir, la perte, la solitude, la peur de de ne pas savoir aimer et j’ai envie de partager ça, car ensemble la vie fait toujours un peu moins peur.

J’ai envie de rappeler le beau derrière le triste. Le léger derrière le lourd. Être perdu c’est dur. Mais être perdu à plusieurs ça l’est un peu moins (même si on reste perdu).

 

 

Question : Pourquoi avoir choisi la musique, la composition ?

Réponse : Parce qu’elle a fait partie des choses qui m’ont donné la force de partir.

La force de dire ce que je ne pourrais pas sans musique.

Parce que c’était ma thérapie et mon amie quand j’étais adolescent.

Parce qu’elle a rendu mes périodes noires un peu moins sombres.

 

Question : Qu’en est-il aujourd’hui de tes relations familiales ?

Réponse : Avec mes parents rien n’a changé depuis mon coming-out.

J’avais accepté que je perdrais à jamais ce lien.

Mon père est mort et la dernière chose qu’il m’a dite c’est « tu es gay aujourd’hui et demain tu seras pédophile ».

Ma mère est toujours vivante, mais prie tous les jours pour que je change et me le rappelle régulièrement.

Là où j’ai de la chance, c’est que quelques années après mon coming-out j’ai trouvé un allié là où je n’aurais jamais pensé : lorsqu’un de mes frères a appris mon homosexualité, il a lu avec sa femme une dizaine de livres sur le sujet et lorsque je les ai revues après deux ans de silence, la première chose qu’iels m’ont dite c’est « on sait que ce n’est pas un choix, tu es né comme ça. On t’aime tel que tu es, on ne cherchera jamais à te changer et on sera toujours de ton côté ». Et ce n’était pas des paroles en l’air.

Je leur en suis tellement reconnaissant <3 

 

 

Question : Est-ce que tu voudrais faire passer un message à ceux qui liront l’interview ?

Réponse : Pour les personnes qui me lisent j’aimerais leur dire :

Cherchez votre propre vérité. Cherchez votre propre sens du mot amour. Faites attention aux personnes qui vous détruisent et qui vous font croire que c’est de l’amour. Faites-vous confiance et sachez que vos émotions sont légitimes.

Le sujet de la famille est hyper tricky (difficile/compliqué).

Notre société nous fait croire qu’on doit les aimer, qu’on leur doit quelque chose. C’est faux.

Si quelqu’un te fait du mal, peu importe le lien que vous avez, tu as le droit de partir.

L’amour ça se mérite. Être parent ne suffit pas.

Les enfants ne doivent rien à leurs parents. Si un parent croit qu’élever un enfant ça lui donne un droit sur la vie de ce dernier, il n’a rien compris. On n’a rien demandé à personne et un jour on nous a fait naître.

Sans notre avis. Nous ne sommes pas là pour servir l’égo trip d’une mère ou d’un père. Nous ne devons rien à qui que ce soit.

Il y a des personnes sur ce gros rocher qui valent la peine et parfois - souvent - ce ne sont pas celles qu’on croit.

Avant de quitter ma famille je me suis toujours dit qu’il n’y avait pas d’espoir, que j’allai tout perdre et que j’étais voué à être seul et malheureux. Mon coming-out m’a sauvé.

 

 

Question : Qu’aurais-tu aimé qu’on te dise lorsque tu étais plus jeune ?

Réponse : Quand j’étais plus jeune j’aurais aimé qu’on me dise : la vérité de ta famille n’est sûrement pas ta vérité.

J’aurais aimé qu’on me dise qu’appeler quelqu’un papa ne fait pas de lui un père, qu’appeler quelqu’un maman ne fait pas d’elle une mère.

J’aurais aimé qu’on me dise : tu n’as rien fait de mal. Un parent peut se tromper. Un parent peut mentir. Et que l’amour ne se force pas.

 

 

Question : Et enfin, qu’est-ce que tu conseillerais à un parent, un proche, face à un coming out ?

Réponse : Pour les parents ou les proches, si vous avez un enfant qui fait un coming-out, soyez à l’écoute.

L’important avant tout, c’est votre enfant, ce qu’il ou elle ressent. Et surtout essayez de comprendre que ce n’est pas à propos de vous.

Votre enfant ne changera pas. Sachez que c’est plus dur pour votre enfant que pour vous. Alors aidez le.la.

Votre avis sur la question n’est probablement pas le vôtre. Soyez humble. Laissez votre égo de côté. Votre enfant ne fait de mal à personne.

Au contraire. L’homosexualité n’a jamais tué personne. L’homophobie oui.

Vraiment, posez-vous la question : sur ce gros rocher qui flotte dans cet univers énorme dans lequel nous sommes des poussières, quel argument assez légitime pourriez-vous trouver pour blâmer deux hommes qui s’aiment ou deux femmes qui s’aiment.

Essayez de changer son enfant, c’est grave. Un homme qui en aime un autre, c’est beau. Renier son enfant, c’est grave. Une femme qui en aime une autre, c’est beau. Le vrai amour n’est jamais sale. Le vrai amour ne fait pas de mal.

 

__________________Lien YouTube__________________

 

Fin de l’interview.

Une rencontre très touchante, pleine de sincérité, que nous tenions à vous partager.

N’oublions pas, que beaucoup de personne, en France, et partout au travers du monde, souffrent, subissent, l’homophobie, et qu’il est important de transmettre de bons messages à la future génération, et encourager l’ancienne à se tourner vers l’acceptation, la bienveillance et la tolérance.

N’oublions pas aussi que l’album de Timothée Path sortira cet été, alors n’hésitez pas à aller faire un petit tour sur YouTube, ou d’autres plateforme de streaming musicale afin de voir et soutenir aussi bien son travail, sa musique, sa passion, que les messages qu’il essaie de faire passer.

PrideAvenue remercie Timothée pour le partage de son histoire, pour l’introspection que nos questions lui ont demandé, pour les souvenirs parfois difficiles qui ont refait surface, pour les messages bienveillants, pour l’espoir, pour l’amour.

 


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